Le projet de végétalisation
Depuis 2018, l'association Les Voisins Entrep'Renan à Asnières-sur-Seine (92) porte le projet de végétalisation de la rue Renan. La mise en oeuvre de ce projet est pensé comme un prolongement de la coulée verte de Gennevilliers vers Asnières. Pour mettre en oeuvre ce projet, les voisins en concertation avec la municipalité depuis 2018 ont proposé un projet de réaménagement de la rue favorisant le renforcement de la présence végétale par la plantation d'arbres et de plantes locales, la végétalisation de murs avec des plantes grimpantes, et la mise en place de pavés à joints engazonnés (« laisser pousser l'herbe entre les pavés ») praticables pour les deux roues, les personnes à mobilité réduites et les voitures. La création de cette zone de rencontre végétalisée nécessite un rabattement des trottoirs et de la rue à un même niveau.
Une rue végétale ?
Une «rue végétale» est une rue où la végétation pousse, une rue où les passants et les habitants peuvent respirer, se sentir en sécurité et se rencontrer. Dans les rues végétales, la circulation automobile est absente ou apaisée, afin de donner la priorité aux piétons, aux mobilités douces et à la nature.
Pourquoi ?
La rue végétale s’inscrit dans les actions visant à installer la nature au cœur de la ville. La végétalisation permet notamment de favoriser le rafraîchissement de la ville, de lutter contre la pollution atmosphérique et de diminuer les rejets d’eaux pluviales en égout grâce à la perméabilité des sols.
Création d'ilot de fraicheur
Les zones qui présentent des surfaces bitumées et des densités d'habitations fortes montrent, de manière récurrente, de très forts écarts de plus de 10°C avec les espaces naturels alentour, tandis que le tissu pavillonnaire de la ville s’échauffe plus modérément. La rue Renan comme d'autres rues aux alentours sont historiquement des zones pavillonnaires ou des zones où les immeubles sont de hauteurs modérées et de petites tailles. Intensifier la végétalisation dans ces zones participe efficacement à l’évaporation de l’eau retenue dans le sol. Le feuillage des plantes ainsi que leur transpiration sont à l’origine d’un effet qualifié d’oasis. L’énergie prélevée participe au refroidissement de l’environnement, tout en générant une source d’humidité locale qui améliore le ressenti thermique. La végétation arborée joue un rôle supplémentaire en interceptant une partie du rayonnement solaire incident en journée, créant des effets d’ombrage sur les surfaces artificielles alentours qui limitent leur réchauffement. La végétation améliore le confort des populations et abaisse les températures lors des vagues de chaleur, particulièrement en intra-urbain dense où le phénomène d'îlot de chaleur est fort.
Gestion de l'eau
Depuis des années, l’urbanisation croissante a eu tendance à augmenter le taux d’imperméabilisation des sols, ce qui a généré de plus grands volumes d’eau de pluie à gérer mais aussi des surcouts liés à cette gestion. Les épisodes sont plus fréquents mais aussi plus intenses et les systèmes d’assainissement se retrouvent souvent surchargés, et il n’est économiquement pas envisageable de redimensionner tout le réseau pour accueillir un volume d'eau toujours croissant en temps de pluie. Ne pas agir localement, à l'échelle d'une rue, d'un quartier ou d'une ville, présente quelques risques. D'abord, c'est risquer de polluer les cours d'eau comme la Seine qui est proche et qui une source importante de biodiversité. Ensuite, c'est risquer que nos quartiers qui sont situés pour la plupart en zone inondable subissent des dégâts liés à des crues et des surchages du réseau. Si la pluie peut perturber ponctuellement le cycle urbain, elle est avant tout aussi une ressource. En agissant à la source, au plus près de là où la pluie tombe, en désimperméabilisant les sols par la végétalisation, l'installation de revêtements poreux, etc., il est possible de se rapprocher du cycle naturel de l’eau, et de favoriser la recharge des nappes phréatiques, l’alimentation des cours d’eau et que l’eau ne se charge trop en pollution en ruisselant.
Continuité écologique
La rue végétale constitue un corridor pour la nature. À l’image des coulées vertes comme celles de Gennevilliers ou encore du projet de promenade bleue sur les quais à Asnières-suer-Seine, la rue végétale dessine une continuité écologique propice à la biodiversité, où la nature peut circuler dans la ville. Les réservoirs de biodiversité en ville sont principalement les parcs et jardins et les chemins de promenades. Le dynamisme de ces réservoirs repose sur la mobilité et les échanges que les êtres vivants entretiennent à l’échelle de la ville et de la région. C’est le rôle des continuités terrestres et aquatiques qu’on appelle corridors écologiques et qui forment la trame verte et bleue de la boucle nord de Seine. Le projet des voisins s'inscrit dans cette logique en proposant de prolonger le tracé des parcs et jardins de Gennevilliers via la place Gabriel Peri, la rue Renan, le quartier des Philosophes et les différents squares d'Asnières pour rejoindre la Seine. Voir la carte du projet.
Devenir acteur de l'espace public
Dans ces rues d'un nouveau genre, la présence du végétal doit pouvoir inciter à un nouvel usage de l’espace public. La rue végétale est une rue à vivre autant qu’une rue où l’on passe, une rue conviviale et attractive pour les riverains et pour les usagers de l’espace public en général, une rue support de lien social. La rue végétale doit être imaginée et réalisée en lien étroit avec les habitants : la concertation préalable est indispensable, mais la participation des habitants continue au-delà ! Leur implication tout au long du projet est essentielle : ce seront les riverains qui feront vivre la rue végétale, en lien avec les services de la Ville. Ils sont de véritables acteurs de la transformation de leur rue. Aussi, les citoyens peuvent : apporter leur contribution lors du choix des végétaux ; prendre en charge l’entretien des plantations ; végétaliser leurs façades, leurs balcons ; créer de nouveaux rendez-vous conviviaux : repas de quartier, etc.
